Dans cette newsletter, j’ai constamment à coeur de montrer que “le surdouement n’est pas nécessairement un chemin funeste”, pour reprendre une phrase de Carlos Tinoco.
Pour autant, je ne veux pas nier les difficultés qu’être surdoué peut poser. L’une de ces difficultés pourrait se résumer en “avoir les défauts de ses qualités”. Certains traits propres aux HPI, poussés à l’excès, peuvent finir par limiter le potentiel et rendre la vie quotidienne, professionnelle et sociale, compliquée.
En voici quelques exemples, il ne s’agit sûrement pas d’une liste exhaustive !
L’humour : les surdoués utilisent volontiers l’humour, que ce soit par goût des jeux de mots et des traits d’esprit, par volonté de s’intégrer ou encore par tentative de baisser son niveau d’anxiété, etc. Or, la frontière entre l’humour et le sarcasme ou l’ironie mordante est parfois ténue. Pour le plaisir d’un bon mot ou pour se sentir appartenir au groupe, le surdoué risque de blesser son interlocuteur ou de passer pour celui qui a un mauvais esprit. S’en tenir à l’auto-dérision est souvent la meilleure stratégie.
L’intensité : Tout est intense chez le surdoué : les ressentis, les émotions, la communication, la capacité de concentration, l’énergie dédiée à un apprentissage. Pas de demi-mesure ! Selon le domaine où elle s’exprime, cette intensité peut parfois se transformer en intransigeance morale, en inflexibilité, en communication inaudible, en exigence paralysante ou encore en hypersensibilité émotionnelle (abordée dans cette newsletter). Des proches de confiance peuvent aider à repérer les moments de “trop”, si le surdoué ne les perçoit pas lui-même lorsqu’ils surviennent ou s’il ne les perçoit qu’a posteriori, une fois l’excès passé.
Le goût pour la réflexion et l’introspection : Le surdoué aime s’attaquer à des sujets complexes, réfléchir au sens de la vie, à des sujets abstraits, à des paradoxes ou encore chercher à comprendre ses propres ressentis. Poussés à l’excès, ces traits peuvent limiter le passage à l’action, par volonté de recueillir encore plus d’informations, d’aller plus loin dans l’analyse ou de réduire à zéro la prise de risques. Par un effet rebond, ces traits peuvent aussi conduire à de l’impulsivité, à une prise de risques excessive : prenant conscience de son immobilisme, le surdoué passe d’un coup à l’action sans en prendre toute la mesure.
Même si nous venons de voir que l’introspection peut s’avérer paralysante, elle constitue un bon début pour repérer la part d’ombre qui vous caractérise le plus et qui peut s’avérer dommageable pour vous et votre entourage. Précisément, n’hésitez pas à solliciter votre entourage pour vous aider à repérer les “trop”. Le plus dur consiste probablement à trouver la juste limite entre un fonctionnement naturellement au-dessus de la norme et un fonctionnement excessif.
(1) Anecdote personnelle qui me lie tout particulièrement à Dilbert : j’ai remporté, dans ma jeunesse, un concours de dissertation économique sur un sujet libre, en analysant la vision des organisations dans cette bande dessinée… puis je suis entrée dans un cabinet de conseil anglo-saxon, comme l’infâme Dogbert ;-)
Recommandation de lecture
Scott Adams est surtout connu pour son personnage de Dilbert (1) et sa caricature souvent très juste du monde de l’entreprise. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il s’est formé tôt aux techniques d’hypnose et qu’il les utilise au quotidien. Il attribue d’ailleurs une partie de son succès à sa capacité d’influencer ses interlocuteurs, par exemple lors de négociations de droits. Il a publié récemment “Reframe your Mind” (non traduit en français), où il s’inspire des techniques d’hypnose et propose différentes manières de modifier notre point de vue sur une situation pour en faire une expérience positive. Il insiste bien sur le fait que le reframe n’a pas besoin d’être vrai pour fonctionner sur le cerveau et nous faire changer d’état d’esprit. Voici quelques exemples de ces reframes :
Un imprévu, une difficulté vous tombe dessus, vous pensez d’abord “Oh, non, encore un problème !” Scott Adams recommande de remplacer cette pensée par “Super, une nouvelle énigme à résoudre !”
Vous êtes coincé dans une file d’attente. Changez le “C’est insupportable, je m’ennuie et la batterie de mon téléphone est à plat” pour un “Parfait, je vais enfin avoir le temps de faire mes exercices de respiration”.
Vous pensez être le fruit de vos gènes, des expériences que vous avez vécues et de l’éducation que vous avez reçue ? Remplacez cette pensée - probablement très juste, mais limitante - par “je suis l’auteur de mon expérience”.
Personnellement, je n’ai pas trouvé tous les reframes qu’il propose pertinents, mais certains ont profondément résonné en moi. J’ai notés ces derniers, je les relis régulièrement et ils m’aident au quotidien.
Qui suis-je ?
Je suis Florence Meyer, consultante en management, coach et auteur. HPI et membre de Mensa France, je coache des surdoués : Je les aide à utiliser leur plein potentiel dans leur vie professionnelle et personnelle. Ce sujet vous parle ? Contactez-moi à champdupossible@gmail.com !